Le ministre Darmanin a donc tenu sa promesse. Il n’a pas donné suite aux propositions de fermetures de certaines trésoreries en provenance de la Direction Générale. Lors de l’audience du 28 septembre, il nous avait indiqué qu’il ne signerait pas les arrêtés de fermetures dès lors que les élus locaux et les agents s’y étaient opposés. Éclair de lucidité ou simple tactique ?
C’est d’abord une bonne nouvelle pour les personnels et les édiles qui se sont manifestés pour défendre le service public de proximité. C’est aussi la preuve que l’action collective et organisée peut être efficace. C’est aussi la manifestation d’un recul du ministre doublé d’un désaveu cinglant de la stratégie de la DGFiP.
Cette volte-face du ministre n’est cependant pas sans poser certaines questions et sans générer quelques problèmes. En effet, les directions locales ont déjà tiré les conséquences en matière de transferts de missions et d’emplois, de décisions qu’elles considéraient comme acquises. Il faudra donc y revenir et que la DG s’interroge sur sa méthode et sur son calendrier.
Derrière cette volte-face se cache aussi une tactique politicienne qui vise à ne pas se mettre encore plus à dos les élus locaux, déjà très en colère. Plus prosaïquement, cette décision est en lien direct avec la mise en œuvre du concept novateur de déconcentration de proximité annoncé par le ministre au mois de juillet dernier. Concept dont à ce jour nous ne savons pas grand-chose, mais qui compte-tenu du contexte, celui des abandons de missions et de suppressions d’emplois qui vont avec, risque bien de n’aboutir ni à une amélioration concrète des conditions de travail et d’exercice des missions, ni à une redynamisation du maillage territorial que Solidaires finances Publiques appelle de ses vœux. Le syndicat demande en vain depuis plus de deux ans l’ouverture d’une négociation sur l’avenir de la DGFiP et notamment sur les conséquences multiformes de sa digitalisation !
Personne ne peut également ignorer le caractère éphémère de telles décisions. Combien de trésoreries, sauvées une année, sont supprimées l’année suivante? Les transferts de missions, la spécialisation des trésoreries, les effets des évolutions institutionnelles (intercommunalités), et désormais les déclinaisons du programme action publique 2022 (agences comptables par exemple) continuent. Tous ces facteurs conduisent, ce n’est un secret pour personne, à vider les structures de leur substance et à leur disparition quasi certaine. Sans compter que parfois, ce sont les personnels de ces structures, lassés de la dégradation de leur condition de travail, qui sollicitent, à bout de force, leur fermeture. Et c’est bien compréhensible.
Restons pourtant optimistes et gageons qu’avec un peu d’imagination et l’appui des municipalités, nous allons être capables, collectivement, de « réarmer » ces trésoreries sauvées de la fermeture en y apportant des missions, et donc des emplois pour au final en assurer la pérennité.