Comme le CSAM a été présidé par la ministre elle-même (quelle joie et quel bonheur...!), nous laisserons une large place à ses déclarations, histoire de ne pas prendre le risque – insoutenable – de les trahir.
Budget 2025
La loi de finances est présentée comme le fruit d’une obligation de compromis (c’est joliment dit, non ?), avec des vagues successives d’écrivains (décidément, la poésie est à l’honneur…). Mais le budget a au moins un mérite : celui d’exister. Pour le coup, on est d’accord : la LF est inhérente au fonctionnement de l’État. Mais s’agissant du contenu de celle-ci, c’est évidemment une autre paire de manches !
La ministre a également évoqué sa gratitude envers les agents (vous êtes heureux-ses là, non ?). Bon, c’est mieux qu’une gifle, mais pas sûr que cela change votre vie… Dans un accès de vérité, Amélie de Montchalin reconnaît que le budget 2025 demande énormément d’efforts à la sphère publique. Elle n’ergote pas sur les « difficiles réductions d’emplois », les diminutions de crédit et un étirement du « temps du budget » (certaines dépenses vont être étalées dans le temps).
La revue des missions est clairement affichée.
« Revue » : kezaco ? C’est le fait de décrire les missions, en vue d’une réorganisation (imposée par la situation financière…), en lâchant le mot « suppression ». Il n’est pas franchement employé, mais il faut bien appeler un chat, un chat ! L’affaire n’est pas complètement une nouveauté. Ce libéral invétéré d’Edouard Philippe en avait fait un cheval de bataille, quand il séjournait à Matignon. Mais l’affaire était plus ou moins restée dans les cartons. Manifestement, nous n’en sommes plus là et les délais fixés aux administrations pour rendre leur copie sont très rapprochés.
La ministre pense que l’évolution des dépenses militaires ne va pas entraîner un big bang des dépenses. C’est une translation de 0,7 % des dépenses publiques qui sera mise en œuvre. Il est estimé que ceci peut se faire par des mécanismes budgétaires classiques. Euh… comment dire ? Premièrement, Solidaires Finances a un gros doute. Deuxièmement, Solidaires Finances attend de voir… En effet, le chiffre peut paraître atteignable de prime abord. Mais si on transforme cela en masses financières publiques globales, c’est un effort de 11,2 milliards. Pas de « budget bis en préparation », nous assure-t-on toutefois...
À propos de mécanique budgétaire, petit développement sur la vocation des réserves. Pour les ministères soumis à « aléas » (exemple donné : l’outre-mer), la mise en réserve serait utilisée de façon classique (prise en compte dudit aléa). Pour les autres (exemple donné : l’Education Nationale), les réserves seraient surtout considérées comme une technique budgétaire (mise en réserve / annulation). Là aussi, nous sommes plutôt dubitatifs. Et on s’interroge sur
la classification alea/non alea. D’ailleurs, tant qu’on y est, où met-on Bercy ? Soumis à alea ou pas ? Pour Solidaires Finances, la réponse est plutôt « oui »...
Autre résolution ministérielle : ne surtout pas faire de la gestion budgétaire par à coups.
Point de préoccupation : le f…u soupçon envers Bercy. Depuis l’annonce de la dérive du déficit, on nous fait un double procès, l’un en incompétence, l’autre en quasi dissimulation. Pour le coup, nous sommes assez d’accord avec notre ministre : ces accusations sont aussi détestables et malvenues l’une que l’autre ! Le ministère propose de riposter par une sorte de comité de la transparence, pour éviter l’effet boite noire…
Avec un certain mauvais esprit, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer qu’au moment où l’on traque les comités théodule, on en crée un nouveau ! Mais surtout, nous ne sommes pas sûrs que ceci permette de parer tous les coups. En effet, ceux qui n’aiment pas l’État redistributeur et régulateur ne vont pas s’arrêter pour autant… Par ailleurs, nous trouvons particulièrement saumâtre de nous faire « rentrer dedans » ici et là, alors que cette représentation en « forteresse» est très largement une simple image...d’Épinal ! Et en passant sous silence que l’on s’est fait laminés depuis des décennies, notamment en termes d’emplois.
Autres orientations ministérielles
La ministre a voulu mettre un focus sur une rafale de sujets, repris ci-dessous :
- l’action sociale est préservée dans les perspectives budgétaires.
Dont acte. Mais ceci n’empêchera évidemment pas la vigilance, surtout face à l’éternelle tentation du « pot commun » fonction publique, dont le synonyme serait répartition de la pénurie bien plus que traction collective vers le haut… - la protection sociale complémentaire : quelle belle réalisation du duo Bercy/Fédérations… Avis d’orfèvre, Madame la ministre ? Les opérateurs intéressés ont pu commencer à déposer leur dossier de candidature. Le marché sera
attribué entre fin mai et fin juin. La ministre évoque une attention spécifique pour les retraité.es. Euh… de notre côté, on ajoute : les revenus les plus modestes, les familles et tous les mécanismes de solidarité en fait ! - l’égalité professionnelle : le sujet tient à cœur à la ministre…
Et bien, Solidaires Finances attend de voir les effets de cet engagement « affectif », qu’on veut bien prendre pour argent comptant, par indécrottable optimisme. Nous nous demandons simplement où est ledit argent comptant, en clair les moyens concrets. Il a été notamment question de « lever les freins aux carrières ». Solidaires Finances regardera attentivement quelle est la réalité derrière les mots, sans parler de l’intérêt des autres aspects du sujet (prévention des violences, traitement et accompagnement,…). - la sécurité des agent.es : il s’agit là, à la fois, des actes extrêmes, mais aussi de la violence « ordinaire » que l’on peut rencontrer.
S’est ajoutée à cette préoccupation le dossier qualité de vie au travail à titre général. Très vite, l’immobilier va être une vedette du sujet. Et nous ne pourrons tomber dans la naïveté de croire qu’il n’y a pas – aussi– une dimension budgétaire à ce dossier. - « IA rising … » : main sur le cœur, notre ministre nous jure que l’IA sera une intelligence augmentée et non pas alternative. Autrement dit, il ne faut pas craindre le « grand remplacement » (par les puces électroniques).
Pour Solidaires Finances, nous ne nous départirons pas de la vigilance, voire méfiance sur ce front. - Pour l’informatique en général, Solidaires Finances alerte sur un risque de division entre informaticiens « maison » et prestataires. Surtout si cela se fait sur la ligne de partage « systèmes vieillissants = solutions internes, produits d’avenir = prestataires ». C’est là une question, non seulement budgétaire, mais aussi d’accomplissement du service public et de résilience de ce dernier.
Quelques news des directions en vrac (les news, pas les directions. Quoique...)
- DGFiP : sus aux niches fiscales ! (Amélie la Rouge ?!?) Ministre et direction souhaitent s’en prendre notamment aux niches les plus « boîtes à sardine » (sic !), c’est-à-dire celles avec très peu de contribuables, et des masses taxables conséquentes.
Solidaires Finances prône en la matière une inflexion forte. Pour nous, c’est un sujet de financement, mais aussi une question sociale et sociétale. Le mot « justice » doit faire partie du voyage. Mais nous avons évidemment quelques doutes sur l’ampleur du virage idéologique gouvernemental. - Grosse « actu » Douane : il y a une forte préoccupation s’agissant des locaux, eu égard à quelques attaques ou manœuvres récentes. Très prochainement, la ministre sera promotrice de la loi « Narco » qui arrive au parlement. La montée en puissance du trafic de cocaïne est à l’évidence un défi à la collectivité. Dans cette loi, il devrait y avoir des aspects pratiques pour les gabelous : anonymisation des PV, caméras piétons et géolocalisation des agents OP/CO via la téléphonie (entre autres…).
Pour Solidaires Finances, un petit signal gracieux à saluer : le retrait du mot «corruption» dans la rhétorique administrative. C’est bien, car ce dernier, sans faire d’angélisme, était rien moins qu’une c...ie, à tout le moins (pour les oreilles trop fragiles) une singulière faute de goût ! - INSEE : on attend le successeur du DG partant cet été, après 13 ans à la tête de l’INSEE.
Pour Solidaires Finances, il serait bienvenu, pour terminer sur une belle note, de partir sur un climat apaisé, dans toutes les directions régionales et à la direction générale. Ce n’est guère le cas à l’heure actuelle.
Un rappel fort utile a été fait : en 20 ans, l’INSEE a perdu le tiers de ses effectifs. Et pour en revenir à la (lourde) succession évoquée plus haut, il nous paraîtrait hautement souhaitable de trouver l’oiseau rare qui défendra vaille que vaille la statistique publique (si, de surcroît, le dialogue social ne lui est pas une notion complètement étrangère, ce serait un pur bonheur …) - DGCCRF : Solidaires Finances plaide, pour cette direction, entre autres, pour le retour d’un concours de catégorie B, ne serait déjà que dans le cadre de l’égalité chère à la ministre (les C, très majoritairement des femmes sont bloquées par cette absence de concours/promo). On attend la réponse de Bercy.
- ONAF (service d’enquêtes judiciaires) : Pour Solidaires Finances, ce service est vraiment un enjeu pour notre ministère. Sa dernière mue (transformation en office) nous a laissé sur notre faim, non sur le principe, mais sur les moyens et l’organisation. On distingue quelques signes positifs pour l’heure : un comité stratégique qui ajoute trente emplois, un groupe de travail à venir, … À suivre.
« FISI »... (fiche interministérielle de situation individuelle)
Sous cet acronyme nouveau, se cache une fiche individuelle (système commun à toute la fonction publique d’État) qui reprend le « pedigree » de l’agent.e. L’idée est de pouvoir transmettre commodément des informations de carrière en
cas de mobilité. Sauf que…
Pour l’instant, tout ce qu’on a vu est truffé d’erreurs (une vraie constellation…). La ministre a consulté la sienne… qui s’est avérée elle aussi, inexacte. Euh… bingo !
Mais, plus grave encore, dans les différentes informations, il y en a qui ont trait à la santé (via les arrêts de travail médicaux) et d’autres au fait syndical (nombre de grèves).
Autant dire que celui ou celle qui a le mauvais goût d’avoir eu un « pépin » de santé ou de renâcler quand on s’en prend à son travail, sa rémunération ou autre… va sûrement augmenter puissamment ses chances d’être recruté.e ailleurs ! Si on nous dit que nous voyons le mal partout, on se situera entre f...age de g… et risque de discrimination carabinée.
Solidaires Finances exige que ce système fasse l’objet d’un réexamen et que ces mentions sulfureuses soient retirées.