L’Union syndicale Solidaires a tenu son 9ème Congrès dans un contexte mondial délétère : guerres en cours ou qui menacent, nationalisme, montée de l’extrême droite, tandis que les trajectoires prises pour ralentir et stopper les changements climatiques sont plus qu’insuffisantes. Comme l’ensemble des populations, les travailleuses et travailleurs sont confronté·es directement aux conséquences de ces conflits comme de la crise écologique.
Sans surprise, loin d’amorcer un quelconque virage pour aller vers plus d’égalité, de justice et d’espoir, ce gouvernement mène tambour battant des politiques ultra-libérales qui démantèlent les conquis sociaux : attaques frontales de l’assurance chômage, discours sur la dette conduisant à raboter encore plus les politiques publiques et les moyens de services publics déjà exsangues, remise en cause du statut de la fonction publique et provocations comme le projet d’extension du licenciement dans la fonction publique, ou encore un énième projet de loi Travail qui remettra en cause les droits des travailleuses et travailleurs… pour mieux asseoir encore la réalité d’un gouvernement totalement au service du patronat et des ultra-riches.
Le gouvernement attaque quotidiennement nos libertés, couvre les violences policières et renforce les systèmes de dominations sexistes et racistes. Élu face à l’extrême-droite, ce pouvoir politique s’approprie ouvertement ses positions (loi immigration…), les installe dans la société, et nous fait glisser dans une société de plus en plus autoritaire, de répression et de sanctions particulièrement à l’encontre des militant-es.
Dresser ce constat lucide, n’est pas faire preuve de défaitisme : c’est une tonalité offensive qui se dégage de nos débats. Notre combat syndical est clairement orienté vers la justice sociale et environnementale, l’égalité, la défense des libertés publiques et individuelles et contre le système capitaliste.
Les débats de notre congrès pointent des éléments essentiels dans la perspective d’un changement profond de société qui se traduiront concrètement par des revendications et des actions claires :
- une campagne sur les salaires et l’égalité des droits pour tous et toutes parce que la question de la répartition des richesses reste centrale pour une majorité des travailleurs et travailleuses,
- la conquête de nouveaux droits :
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- un nouveau statut du salarié·e (pour une continuité du salaire et des droits sociaux entre deux emplois), augmenté de droits notamment dans les phases de reconversion des entreprises polluantes, en associant pleinement les travailleurs et travailleuses à ces reconversions,
- une déclinaison de revendications, en particulier d’amélioration de la sécurité sociale :
- une sécurité de l’accès à l’alimentation incluant les travailleurs-euses qui l’assurent, dans le respect de l’environnement
- le droit au logement
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- les revendications d’un congé hormonal (dont menstruel), de 26 jours par an, sans justificatifs, inclusif, pour de meilleures conditions de travail de plus de la moitié de la population
- une véritable politique du handicap offensive pour sortir de l’enclave ces travailleurs et travailleuses,
- la déconstruction des discours sur l’IA et leurs impacts sur le travail et nos vies…
Solidaires s’engage à mettre toute son énergie pour démontrer que le syndicalisme est porteur d’un projet de transformation sociale pertinent, que l’unité intersyndicale, l’initiative et la maîtrise des luttes par les salarié·es sont une force et à l’échelle mondiale en renforçant le RISL.
Solidaires ouvre en son sein, un débat sur l’évolution du syndicalisme, et sur quel outil serait capable de répondre mieux qu’actuellement aux aspirations des travailleuses et travailleurs.
Nous avons confirmé l’importance d’un lien étroit avec le mouvement social, les collectifs et associations de lutte et la nécessité de développer l’Alliance écologique et sociale.
C’est en portant des perspectives d’amélioration de nos vies et emmenant des luttes gagnantes que nous ferons reculer l’extrême-droite dont le Rassemblement National qui n’est jamais à l’aise en période de fort mouvement social… parce que profondément vecteur d’un projet néolibéral, de divisions et de haine à l’opposé des aspirations d’émancipation, d’égalité et de justice sociale de notre syndicalisme. Une campagne, si possible unitaire, sera proposée et menée contre les idées d’extrême droite plus particulièrement à destination des travailleurs et travailleuses.
Force est de constater que pour relever ces défis, il nous faut également les moyens de gagner tandis que nous avons à faire face à un gouvernement allié du patronat, décomplexé, autoritaire et qui n’hésite pas à réprimer et criminaliser les organisations du mouvement social de plus en plus.
Face à cela, nous avons tiré les leçons du mouvement des retraites de 2023 qui a confirmé la capacité du syndicalisme à mobiliser très largement le monde du travail. Mais pour gagner le rapport de force, il faut plus de grèves, sans exclure les formes de blocages qui se sont multipliées dans leur diversité.
Pour plus de grèves, il faut plus de syndicats de terrain et de lutte, dans les entreprises les administrations, plus de syndiqué·es et la conviction de pouvoir gagner. Organiser massivement les travailleuses et les travailleurs, dans une structure qui défend notre classe sociale, qui cherche à développer une démocratie concrète et à lutter contre toutes les précarités, dominations et oppressions est indispensable pour Solidaires. C’est pour cette raison que le congrès fait de notre développement une priorité des trois prochaines années. Il faut en finir avec les déserts syndicaux qui ne profitent qu’au patronat.
Nous mènerons la réflexion à la base, sur les formes et les tactiques pour faire de la grève l’outil central et populaire de nos prochaines luttes et mobilisations sociales. Cela suppose aussi que l’ensemble des travailleurs, travailleuses dans toutes leurs composantes en soient acteurs et actrices.
Pour Solidaires, face à l’ensemble des attaques, un mouvement syndical fort, unitaire, offensif, indépendant, internationaliste, écologiste et féministe est d’autant plus nécessaire.
Travailleurs-ses en activité, au chômage, en formation, en retraite, avec ou sans-papiers, ont des intérêts communs à défendre. Le congrès confirme le syndicalisme et spécialement notre syndicalisme de terrain, alternatif, horizontal et de transformation sociale comme outil utile et efficace pour répondre aux multiples défis, sortir du renoncement et faire de chaque travailleuse et travailleur l’actrice et l’acteur de sa résistance et de ses luttes.
Au-delà, nous continuerons notre travail quotidien avec les collectifs et organisations du mouvement social, en France et à l’étranger, qui œuvrent chaque jour pour les alternatives qui s’inscrivent dans notre projet de transformation sociale.
La tenue des Jeux Olympiques et paralympiques en France servent de prétexte pour s’affranchir toujours plus du Code du travail, écraser les populations les plus précaires, et étendre le contrôle sécuritaire. L’Union syndicale Solidaires et ses organisations seront particulièrement vigilantes, mobilisées et actrices de toute lutte sociale initiée par les travailleuses et travailleurs à l’encontre de ces reculs.
L’Union syndicale Solidaires apporte son soutien plein et entier à ses syndicats et aux travailleurs et travailleuses actuellement engagé·es dans des mouvement de grève, notamment les luttes des sans-papiers qui continuent.
L’Union syndicale Solidaires proposera à l’ensemble des forces syndicales de discuter de la construction de la riposte face aux mauvais coups qui se préparent. Ni l’austérité, ni le rabotage du code du travail, ni les attaques contre la fonction publique ne sont acceptables.
L’Union syndicale Solidaires appelle d’ores et déjà à défiler en nombre le 1er mai contre l’austérité, pour nos salaires et pour la paix. L’union fait notre force !
Toulouse-Labège, le 25 avril 2024