Par un message adressé aux personnels sur Ulysse, le Directeur Général a annoncé, ce jour, son départ du poste de Directeur Général de la Direction Générale des Finances Publiques.
Le courrier que nous lui avions adressé suite aux articles parus dans Mediapart n’aura ainsi probablement pas de réponse. Et si certaines ou certains s’émeuvent de ce départ soudain, point d’inquiétudes. Il est d’usage que, dans les milieux élitistes, la rue pour retrouver un emploi ne soit pas trop large à traverser. Jérôme Fournel rejoindra, à quelques encablures à peine, la direction du cabinet de Bruno Le Maire au ministère de l’Économie. Nous attendons désormais de connaître le nom de la ou du prochain Directeur Général. Au-delà d’un timing contestable, en pleines négociations indemnitaires, Solidaires Finances Publiques réitère l’urgence de répondre aux inquiétudes des personnels et de prendre en considération les revendications légitimes de ces derniers. Au-delà d’une nouvelle nomination à sa tête, le collectif de la DGFiP a impérieusement besoin d’un renforcement de ses missions et de ses structures qui passe par des moyens humains et budgétaires à la hauteur des enjeux pour une DGFiP renforcée, reconnue et réhumanisée au service de l’intérêt général, de la justice fiscale, sociale et environnementale.
Puisque notre désormais ex Directeur Général s’en va rejoindre les équipes d’un féru de littérature, reprenons in extenso quelques passages de ses adieux tout en les commentant.
« Nous avons fait beaucoup de choses ensemble et je crois fermement que ce que nous avons accompli est remarquable et le mérite vous en revient »
La technicité, les compétences professionnelles des personnels sont effectivement incontestables et incontestées. Malgré la casse de notre service public de proximité, malgré les incessantes restructurations, les agentes et agents de la DGFiP n’ont eu de cesse de combler les manques de moyens par un engagement sans faille.
« transformations multiples de ces métiers épaulées par les outils numériques, évolutions stratégiques en matière de relation aux contribuables, d'accueil avec le déploiement croissant des centres de contact »
Les missions ne sont pas « épaulées » mais dégradées par les outils numériques. Les conséquences pour les populations les plus fragiles et les conditions de travail des collègues sont lourdes.
Qui peut imaginer aujourd’hui que GMBI « épaule » les missions foncières ainsi que les contribuables ?
« mise en œuvre de deux lois de lutte contre la fraude fiscale et réinvestissement humain dans cette mission clef »
Ces lois n’ont eu pour effet que d’amoindrir les missions de contrôle fiscal, renforçant sensiblement le rôle de conseil et d’accompagnant de notre administration. Quant au réinvestissement humain, il est illusoire d’imaginer que quelques transferts d’emplois vont compenser les suppressions subies depuis dix ans.
« appui à la mobilité, évolution de la formation, recrutements massifs pour faire face aux départs »
La carrière des personnels n’aura eu de cesse d’être dégradée ce qui conduit à une baisse de l’attractivité de notre administration. La mise en place des lignes directrices de gestion, couplée aux retards de l’applicatif Mouv RH, constituent tout sauf un appui pour les personnels. Les formations initiales et continues ne répondent pas aux besoins indispensables d’une administration technicienne faute, entre autres, de moyens suffisants. L’absence d’une réelle politique de gestion prévisionnelle des effectifs amène à des recrutements conséquents qui sont très loin de compenser les départs, à celle-ci s'ajoute le recours à la contractualisation qui contribue à la précarisation de l’emploi public.
« Certains diront qu'il y a eu trop de changements. Il y en a eu beaucoup, c'est certain. Mais notre réussite globale et la place qu'occupe la DGFiP aujourd'hui dans l’État, sa position en avance sur beaucoup de transformations, l'appréciation de nos concitoyens quant à notre écoute et au service public que nous rendons, démentent néanmoins ce pessimisme »
L’appréciation négative des changements intervenus serait donc liée à un pessimisme ambiant et non sur des éléments factuels.
Les faits sont têtus : 36 000 suppressions d’emplois depuis 2008, année de la création de la DGFiP, près de 3 000 fermetures de postes. Alors non ce n’est pas un ressenti mais bien une réalité que vivent quotidiennement les personnels et les usagers avec l’éloignement de nos services. Oui les agentes et agents continuent d’exercer leur mission avec rigueur, professionnalisme et technicité mais cela ne masque pas les files d’attente interminables à des dates clés, les services croulant sous les sollicitations téléphoniques, les difficultés à répondre à l’intégralité des mails.
« Je n'ai certainement pas tout réussi. Cela est parfaitement vrai »
Nous ne commenterons pas cette vérité…
« Au moment où je vous quitte, j'aimerais que vous ayez suffisamment confiance en vous, dans vos talents, vos ressources, vos capacités pour considérer l'avenir de la DGFiP et le vôtre personnellement au sein de cette belle et grande maison avec sérénité. »
Solidaires Finances Publiques n’a jamais perdu la confiance dans le collectif car c’est ce collectif qui fait la force de la DGFiP.
« Des négociations indemnitaires ont débuté fin 2023 et j’espère qu'elles pourront se conclure favorablement en ce début 2024. Elles traduiront là aussi la reconnaissance de vos efforts et votre engagement au quotidien au service de notre pays »
Après des années d’attente et un engagement pris il y a 2 ans, l’urgence à résorber la dette indemnitaire par une revalorisation conséquente pérenne et pour l’intégralité du collectif DGFiP, est plus que jamais d’actualité quel que soit le Directeur général. Solidaires Finances Publiques toujours présent, défendra cette revendication avec l‘ensemble des organisations syndicales représentatives de la DGFiP.