Le pouvoir d’achat reste un sujet prégnant pour la majorité de la population avec une inflation qui depuis des mois rend encore plus difficile les fins de mois. Le niveau des salaires et le coût de la vie reviennent dans l’actualité avec les mobilisations de ces dernières semaines des Martiniquais et Guadeloupéens contre la vie chère.
En Martinique et plus largement dans les DROM-COM, les écarts de prix avec l'Hexagone et en particulier sur les produits alimentaires, deviennent de plus en plus importants.
Le problème de la vie chère peut être expliqué par des facteurs évidents, tels les coûts de transports, les frais douaniers, l'octroi de mer, la taille du marché, le manque de réelle concurrence, et la faiblesse de la production locale.
Depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, ces écarts de prix se sont encore amplifiés. Estimé à 13% en 2015 par l'INSEE (et déjà en hausse depuis 2010), ils atteignent aujourd’hui jusqu’à 22 à 37% et parfois plus du double.
Contrairement à l'idée reçue, les dotations de fonctionnement ou d’investissement de l’État pour ces territoires ultramarins sont moins importantes que la moyenne hexagonale. A titre d’exemple, la DGF par habitants en Guyane est 40 % inférieure à celle de la Creuse département défavorisé de l’hexagone.
Cette situation similaire à certains territoires ruraux hexagonaux, amplifiée par l’éloignement favorise malheureusement les votes et comportements en lien avec les extrêmes droites.
Alors que des économistes estiment que pour rattraper ces retards il faudrait investir au moins 1,6 milliard chaque année, le projet de loi de finances pour 2025 va amputer le budget des outremers de plus de 250 millions (chiffre du gouvernement), soit 10 % de la dotation globale des outremers.
L’octroi de mer, outil important de financement des collectivités locales et de soutien à l’économie locale ultramarine est malheureusement un facteur inflationniste pour les prix.
Dans certains départements, le vieillissement de la population entraîne la baisse du pouvoir d'achat avec de nombreux retraités bien en deçà du seuil de pauvreté. Le taux de chômage, en particulier chez les jeunes (25%), qui font le choix de rester dans leur département d’origine, entraîne une baisse des revenus des familles.
Plus que jamais, les Ultra-marins demandent que leurs territoires soient reconnus au même titre que ceux de l’Hexagone avec un engagement cohérent et réel de l’État, et des mesures adaptées à leurs handicaps structurels.
Ces territoires ne doivent pas être considérés comme des territoires low-cost ou encore pour des considérations géopolitiques, mais comme étant des composantes pleines et entières de la France. L’histoire coloniale de la France dans ces territoires n’est pas étrangère à leurs difficultés actuelles. Cette responsabilité doit être aujourd’hui assumée, et les mesures nécessaires doivent être prises de manière urgente pour y apporter des vraies réponses. Les tensions récurrentes ne cessent de le démontrer.
L’instauration d’un dispositif de continuité territoriale permettrait de limiter certains surcoûts liés à l’éloignement du territoire hexagonal et européen.
L’accès de ces territoires aux marchés de leur zone de vie, non exclusive du marché européen pourrait également être utile à un développement économique et social plus adapté.
Dans cette situation, Solidaires Finances Publiques soutient ces combats légitimes et continue de revendiquer pour plus d’équité et de justice sociale :
- Un déploiement immédiat de tous les moyens de l’État nécessaires pour venir en aide à ces territoires afin qu’ils soient considérés au même titre que les territoires de l’Hexagone (égalité des minimas sociaux, alignement sur les prix des denrées de première nécessité, diminution des prix des billets d’avion entre l’Hexagone et les territoires ultra marins,…), car paradoxalement, tout cela alimente et favorise la montée des votes et comportements vers les partis d’extrême droite.
- Le rétablissement de l’Indemnité Temporaire de Retraites (ITR) et à défaut d’un dispositif qui permette aux retraités de disposer d’un taux de remplacement équivalent aux retraités de l’Hexagone et en tout cas décent. Avec la suppression de l’ITR au 1er janvier 2028, les agents de ces territoires partiront à la retraite avec un taux de remplacement inférieur à 50% pour beaucoup et avoisinant 40% pour certains (notamment en Polynésie).
Congrès de Solidaires Finances Publiques du Cap d’Agde, le 15 octobre 2024