Le Monde et 16 médias internationaux ont pu commencer à analyser les premières données publiques de l'accès, pourtant limité, des registres publics luxembourgeois, le registre du commerce et des sociétés et le registre des bénéficiaires effectifs (propriétaires ultimes).

Ce travail et les analyses qui en découlent, sont rendus possibles grâce à la directive européenne de 2018 imposant la création de registres publics des propriétaires réels des sociétés dans tous ses états membres (suite aux différents scandales swissLeaks, Panama Papers, Paradise Papers, etc), et son application rapide au Luxembourg, au travail antérieur et aux moyens déployés par l'ensemble des médias afin de traiter la très grande multiplicité des données, comme la base de données regroupant 140 000 sociétés, leurs propriétaires réels et le détail de leurs actifs financiers.

Plusieurs constats se dégagent de l'enquête du consortium du Monde et des 16 autres médias :

- Le premier : près de la moitié des entités n'a pas de bénéficiaire identifiable, pourtant garants de la confiance vis-à-vis de ces dernières.

- Le second : près de 90 % des sociétés sont contrôlées par des non Luxembourgeois, 17 000 par des Français, ce qui nous place dans le peloton de tête. Ce sont indistinctement des particuliers et/ou des entreprises, mais 279 des milliardaires identifiés par le journal Forbes sont répertoriés au Luxembourg, ce qui en fait une des plus importantes places fortes en ce domaine.

- Le troisième : même si le Luxembourg a revu certaines pratiques, il demeure encore à bien des égards un haut lieu de la planification fiscale tant pour les riches particuliers que pour les multinationales et les entreprises en général.
« Près de la moitié des entreprises commerciales enregistrées dans le pays sont de pures holdings financières. Des sociétés offshore totalisant pas moins de 6 000 milliards d’euros d’actifs. Et ces pratiques coûtent des milliards d’euros en impôts évités aux voisins européens. Une situation de moins en moins tenable à l’heure où la crise due au Covid-19 exacerbe les inégalités. Derrière ces montages financiers, Le Monde a pu identifier des entreprises du CAC 40 et des grandes fortunes, des célébrités et des criminels en col blanc. »

Le Luxembourg ne se donne pas les moyens, volontairement ?, de se conformer aux directives, notamment en matière d'obligation de désignation des bénéficiaires effectifs, d'exercer un premier contrôle des déclarations. Pour le journal Le Monde, « Les nombreuses failles découvertes par l’enquête OpenLux interrogent la capacité des États à surveiller efficacement leur écosystème financier. »

Il ne suffit donc pas d'entériner les directives européennes, encore faut-il en avoir politiquement et économiquement envie de le faire, et surtout se donner les moyens de les mettre en pratique.

Les liens

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/02/08/openlux-faire-parler-des-registres-publics-une-enquete-d-un-genre-nouveau_6069139_4355770.html

https://www.lemonde.fr/videos/video/2021/02/08/le-luxembourg-un-coffre-fort-fiscal-au-c-ur-de-l-europe_6069141_1669088.html

Ce n'est que le début d'une série, en effet Le Monde va publier des nouvelles informations tous les jours, demain sur les Français au Luxembourg, mercredi sur les grandes fortunes, jeudi sur les entreprises et vendredi sur la criminalité.