Le conseil de promotion s'est déroulé le 7 mars après-midi à Lyon.
L'ambiance générale y était moins tendue que lors du premier conseil de promotion. Les élu.es ont obtenu certaines réponses et l'ENFiP s'est engagée à transmettre les demandes dont elle n'avait pas la responsabilité.
Liminaire
Monsieur le président,
Nous ne pouvons commencer ce conseil de promotion sans évoquer le contexte géopolitique et la guerre en Ukraine. Nous nous sentons certes bien impuissants. Toutefois, nous tenions à débuter ce conseil en exprimant notre soutien au peuple ukrainien et en rappelant l’importance de la paix et de la démocratie. Nous saluons les réponses de l’Europe et de la France sur la solidarité à travers l’accueil des réfugiés, puisse-t-il se généraliser à l’avenir. En effet, alors que le GIEC relève une nouvelle fois notre inaction climatique, la solidarité et l’accueil sont plus que jamais une nécessité.
Nous tenons à rappeler que nous sommes la veille du 8 mars, Journée de lutte internationale pour les droits des femmes, que cette journée s’ancre dans les luttes ouvrières et qu’elle reste l’occasion de faire un bilan et de continuer de revendiquer l’égalité des droits.
I. Dialogue social :
Concernant le dialogue social au sein de l’ENFiP, nous tenons tout d’abord à vous remercier au nom de l'ensemble des stagiaires de Noisy-le-Grand et de Noisiel de leur avoir permis de basculer en distanciel le vendredi de la grève RATP qui a été très suivie, comme cela avait été prédit. Serait-il possible de pérenniser cette formule en cas de prévisions de grèves ?
Pour ce qui est de la tenue du conseil de promotion des contrôleurs programmé ce jour, nous vous rappelons que nous demandons à rétablir cette instance sur une journée complète pour toutes les raisons que nous vous exposons depuis des années et pour éviter des situations similaires à celles du 1er conseil de promotion qui s’est terminé sans pouvoir aborder les questions particulières. Des questions ont donc été envoyées aux différentes directions d’école à l’issue du conseil. Nous remercions Madame Perrot à Noisy pour ses réponses mais nous regrettons que les autres directions n’aient pas apporté de réponses aux mails envoyés. D’autre part, le fait d'organiser ce 2e conseil de promotion un lundi après-midi ne nous permet pas de préparer le conseil de promotion dans des conditions matérielles propices aux échanges inter-établissements. Nous vous demandons de prêter attention au choix des dates futures afin de favoriser au maximum la tenue en présentiel de cette instance.
II. Contexte sanitaire
Le contexte sanitaire a largement occupé notre 1er conseil de promotion. Aujourd’hui, à l’heure où la levée des obligations sanitaires est décidée partout, où les boites de nuit sont ouvertes, il est incompréhensible de voir à Lyon les machines à café à l’arrêt et la bibliothèque fermée. Ces éléments participent aussi au bien-être des stagiaires. Nous exigeons des décisions immédiates sur ces sujets qui ne sont pas complexes.
III. Organisation pédagogique et scolarité
Abordons maintenant les thématiques purement scolaires et pédagogiques.
À notre arrivée à l’ENFiP, l’accent a été mis sur la bienveillance de notre administration et sur le fait que, d’une part, nous étions des contrôleurs stagiaires (et non des élèves) et, d’autre part, que l’objet de la formation était de nous préparer à nos futures fonctions et en aucun cas de nous faire repasser un concours. Pourtant, le vécu des stagiaires est tout autre. La formation est anxiogène pour la plupart des stagiaires qui ont l’impression de préparer des examens et renoncent pour beaucoup à l’équilibre nécessaire entre vie professionnelle et vie personnelle de peur de ne pas être titularisés.
Prenons l’exemple de l'épreuve du lundi 14 février qui a été trop longue et impossible à faire dans le délai imparti. Il a été répondu aux stagiaires qu'ils avaient perdu trop de temps dans leurs recherches : ce n’est pas le cas et de plus on nous enseigne depuis le 1er jour qu’un bon contrôleur n’a pas à tout savoir mais doit être en mesure de rechercher correctement l’information. Les stagiaires ont eu la sensation que l’on cherchait à les piéger, à les mettre en difficulté alors que ce n’est pas du tout la philosophie de la scolarité.
Par ailleurs, les stagiaires en distanciel, une fois encore, ont rencontré pour cet examen des problèmes techniques de connexion .
La date du 2 mars pour les rattrapages a été un signe positif, toutefois, rappelons que la modification, la veille de la date prévue, du rattrapage a semé le doute, l'incompréhension et engendré du stress chez nos collègues concernés. En effet, ils avaient travaillé pour cette échéance et se sentaient prêts alors que 2 mois plus tard, concentrés sur le bloc fonctionnel, ils ont perdu en automatismes pour ce rattrapage, notamment en compta.
Alors, nous vous demandons quelle est la finalité de ces épreuves ? Avez-vous pris l’attache des formateurs et formatrices pour savoir si ces épreuves étaient réalisables et pertinentes ? Les formateurs semblent aussi surpris que les stagiaires face aux sujets.
Pour ce qui est des cours, nous sommes la première promotion à vivre réellement in situ la réforme du temps et des modalités de scolarité. Nous tenons donc à vous alerter sur la densité des programmes et des cours. Il est fréquent que les cours ne puissent être terminés dans les temps impartis, en GP principalement, et qu’il soit demandé aux stagiaires de les terminer seuls et de réaliser les exercices à la maison. Or, la diminution du temps de formation a engendré la disparition quasi-totale des TTA et il est donc compliqué voire impossible de rajouter aux journées de cours déjà bien chargées des temps de travail personnel d’une heure chaque jour… De plus, les bases école sont rarement utilisées en pro car elles bugguent en raison du nombre de stagiaires connectés. Apprendre des gestes métiers sur captures d’écran, sans manipulations, est indigeste et inefficace.
Nous souhaitons en outre témoigner notre soutien aux formateurs de l’ENFiP qui voient eux-aussi leurs conditions de travail se dégrader. Nombre d’entre eux sont en mal-être professionnel, au bord du burn-out à cause d’une charge de travail qui s’est démultipliée. Certains enseignants ont dû remplacer au pied levé des collègues pour des cours qu’ils ne passent pas eux-mêmes, d’autres, en arrêt pour cause de Covid, ont dû assurer leur cours en visio, d’autres enfin sont tombés en classe et la seule priorité n’a pas été de les prendre en charge mais de les remplacer. Nous regrettons que, tant du côté des formateurs que des stagiaires, la formation soit si anxiogène au quotidien, ce qui ne permet ni une ambiance sereine de travail ni une bonne appropriation des concepts par les stagiaires.
La marche forcée de cette scolarité rénovée ne permet pas aux stagiaires d’assimiler au fur et à mesure la teneur des cours et il est impossible de se sentir prêt à la prise de poste à l’issue de la formation.
IV. Mouvement de mutations et problèmes logistiques
Pour terminer cette liminaire, nous souhaitons revenir sur les mouvements de mutations et notamment sur les affectations en province. La majeure partie des stagiaires est affectée en région et nous attirons votre attention sur la difficulté pour les collègues de trouver un logement, notamment en Bretagne ou dans le sud de la France. La scolarité passe pour ces collègues au 2d plan car la priorité est de pouvoir se loger et prendre leur poste sereinement. Il serait souhaitable que l’administration puisse les accompagner dans ces moments de vie professionnelle particulièrement anxiogènes.
Concernant la prime de stage, elle n’est pas réévaluée entre le stage en établissement et le stage pratique probatoire. Or, les affectations modifient considérablement les besoins financiers. Il serait donc normal de réévaluer la prime de stage lors du départ en formation pratique. Que l’on reste en Ile-de-France ou que l’on parte en province, les frais liés au départ en services sont conséquents et nous ne pouvons accepter de voir des collègues pénalisés financièrement.
Rappelons également qu’il nous semble inacceptable que la prime de stage soit reprise lors de la semaine d’installation d’avril. L’installation engendre beaucoup de frais : double voire triple loyer, frais de déménagements pas toujours pris en charges, transports… Aussi nous demandons à ce que la prime de stage ne soit plus proratisée lors de la semaine d’installation.
Nous souhaitons attirer votre attention sur des problèmes d’intendance qui entraînent pour les stagiaires des conséquences parfois compliquées. A titre d’exemple, faire finir la scolarité le 1er avril entraîne pour certains un nouveau mois de loyer. Pouvez-vous envisager de faire cesser la scolarité au 31 mars ?
Enfin, pendant la formation pratique, les congés sont imposés par l’ENFiP. Si cela permet une équité entre tous les stagiaires, cela pose également des problèmes organisationnels que ce soit pour les stagiaires ou pour les services. A ce titre, nous proposons une évolution de ce fonctionnement et nous proposons qu’un volume reste imposé pour permettre à chaque stagiaire d’avoir des congés en période d’été mais qu’une partie soit flottante pour permettre de la flexibilité organisationnelle au fil de la période probatoire. Cela permettrait une meilleure organisation des services et plus de flexibilité pour les stagiaires.
Pour conclure, nous rappelons notre attachement à l’instance du conseil de promotion et déplorons toutefois d’être obligés au fil des années de revenir sur les mêmes points qui peinent à évoluer.