Le Président de la République a annoncé plusieurs mesures le lundi 10 décembre 2018. Celles-ci sont censées répondre aux principales attentes de la population et aux revendications exprimées par le mouvement des « gilets jaunes ». Certaines sont d’application rapide, d’autres relèvent davantage d’une orientation.
Qu’il s’agisse de la baisse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les retraités percevant une pension inférieure à 2.000 euros, de la défiscalisation des heures supplémentaires ou des annonces relatives au SMIC, les mesures d’application rapide sont ciblées. Elles ne s’inscrivent pas dans une démarche globale de rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée, au sein de laquelle la part des salaires demeurent à un niveau historiquement faible.
Pour leur part, les fonctionnaires sont les grands oubliés des annonces. Aucun geste n’a été accordé et ce, alors qu’un grand nombre de fonctionnaires vit les mêmes difficultés que celles exprimées dans le mouvement actuel. De même, le cap de sa politique fiscale a été confirmé, même si un « débat » a été ouvert sur cette question centrale.
D’autres « annonces » demeurent vagues. Il en va ainsi de la lutte contre l’évasion fiscale, sur laquelle aucune nouveauté n’a été annoncée malgré l’urgence et face à laquelle les moyens demeurent insuffisants. Pire, elle sera rapidement très contrariée par les dispositions de la « loi Essoc ». Surtout, Emmanuel Macron a de facto confirmé qu’il voulait réformer le système d’indemnisation chômage, le système de retraite et, globalement, l’action publique… On devine déjà le contenu du discours gouvernemental si le mouvement actuel cesse : utiliser le coût des mesures annoncées hier soir (8 à 10 milliards d’euros) pour faire pression sur les dépenses publiques et accroître la rigueur budgétaire.
En accordant quelques concessions ciblées sous la contrainte et non de son plein gré, il tente ainsi de maintenir le cap et le cœur de son action. Alors même qu’elle produira des effets néfastes puisqu’elle consiste à privilégier le recours au contrat, donc à la précarité, au sein de la Fonction publique, à procéder à des mobilités forcées, à restructurer l’action publique sans lui donner les moyens nécessaires à son action, etc. Ce faisant, le pouvoir nourrit les raisons de la colère et crée les conditions d’un nouveau mouvement de colère à l’avenir.
Les annonces d’Emmanuel Macron ne répondent pas aux enjeux et aux demandes exprimées tant par le mouvement des « gilets jaunes » que par l’immense majorité des salarié.e.s et des retraité.e.s. A l’évidence, « l’état d’urgence économique et sociale » aurait mérité une réorientation globale. Celle-ci n’a pas lieu.
De son côté, le syndicat Solidaires Finances Publiques engage une campagne « justice fiscale et sociale pour toutes et tous » afin de nourrir le débat fiscal, intensifiera sa défense de l’action publique et de la reconnaissance (en matière de droits, de rémunération et de conditions de travail) des fonctionnaires. Notre organisation s’adressera aux agent.e.s des Finances publiques, aux élus, aux pouvoirs publics et à l’opinion pour démontrer en quoi l’action publique et la justice fiscale sont indissociablement liées et qu’elles permettraient de relever les défis économiques, sociaux et environnementaux.