Après le (mauvais) feuilleton de l’été, nous avons donc assisté ce week-end à la nomination du nouveau gouvernement.
On peut le dire tout net : il s’agit d’une aberration démocratique. En effet, un parti indubitablement défait conserve des postes-clé. Un autre, très minoritaire, « truste » une majorité des portefeuilles ministériels. De plus, ce dernier déboule avec quelques personnages dont le conservatisme n’est plus à démontrer (d’aucuns sont même aux marges d’une tendance réactionnaire, notamment à Bercy avec une secrétaire d’État à la famille jugée indésirable par Emmanuel Macron lui-même…). Si l’idée est de désarmer la menace de la censure RN, ceci n’empêchera nullement le parti d’extrême-droite d’avoir le doigt sur la gâchette et de tenir entre ses mains la fragile survie du gouvernement Barnier.
On peut difficilement voir dans ce qui se met en place une traduction du message des urnes de ce début d’été. Ce qui est clair au contraire, c’est qu’il a été ainsi porté un coup sûrement fatal à l’idée de front républicain. Des lendemains très inquiétants peuvent être craints, avec un corps électoral qui, à l’inverse du 7 juillet, pourrait rapidement manifester un désintérêt total, voire un écœurement profond vis-à-vis de sa classe politique, dans un large ensemble. Même pour une organisation syndicale, c’est un sujet de préoccupation. C’est, en tout cas, un bien sale temps pour la vie démocratique, avec ce « gouvernement improbable », dont on attend les premières orientations, même si on peut d’ores et déjà en deviner quelques contours.
En lieu et place de ce coup de barre à droite (parfois tendant vers l’extrême ...), pour Solidaires Finances, le bon cap est clair. Il correspond à un double besoin :
- celui d’une rupture, pour remettre au centre des orientations politiques la justice sociale et fiscale ;
- la nécessité d’un État et de services publics renforcés et efficaces dans l’ensemble de leur missions et sur tout le territoire.Le but du jeu n’est pas de « traverser la rue » ou de « coûter un pognon de dingues » (c’est bon, on a déjà donné ...), mais bien de porter une politique de progrès sur tous les plans (au vu du « casting » dévoilé ce dimanche, nous nourrissons quelques doutes sur ce dernier point...).
La question du financement n’est évidemment pas absente des réflexions. Mais elle doit être profondément repensée. En effet, même si on met de côté l’impact incontournable de la crise sanitaire et du « quoiqu’il en coûte », il y a quand même une dérive aboutissant à la situation actuelle, dont les services de l’État ne sont pas responsables. À l’inverse, ils en sont les premières victimes, avant que l’ensemble du corps social ne le soit aussi de façon mécanique. Face à cet état de fait, les donneurs de leçon et autres gardiens du dogme pourraient d’ailleurs utilement la mettre quelque peu en veilleuse…
Finalement, le destin d’une équipe gouvernementale est une préoccupation relativement futile. Par contre, si les préoccupations énoncées plus haut ne sont pas réellement prises en compte, c’est à notre sens, la garantie assurée d’un échec cinglant, dont il sera diffi cile de se relever. C’est bien la principale responsabilité des gouvernants quels qu’ils soient.