Comme à l’accoutumée, la campagne IR qui va débuter officiellement le 13 avril prochain va marquer un moment fort de la vie de notre administration. Et comme chaque année, elle va conduire un nombre très important de contribuables à la porte de nos services.
Particularité, cette année elle va se dérouler en parallèle ou en simultané avec la campagne "Gérer mes bien immobiliers".
Rappelons de nouveau ce qu'est GMBI (gérer mes biens immobiliers) : il s’agit de la création d’un nouveau service de déclaration en ligne à destination des usagers propriétaires (personnes physiques et morales), mis à disposition sur le portail impots.gouv.fr, depuis leur espace sécurisé.
Ce service permet (théoriquement) de visualiser l’ensemble des propriétés sur lesquelles sont détenus un droit de propriété ainsi que les caractéristiques de chacun de ces locaux (adresse et descriptif du local, nature du local, lots de copropriété) et de déclarer le ou les occupants (obligatoirement avant le 30 juin 2023). Près de 33 millions de biens sont concernés par ce dispositif.
Et aujourd’hui, le nombre d’appels et de questions portant sur la mise en place GMBI est loin d’être anodin puisqu’il représente 75 ou 80 % des appels des centres de contacts, auxquels s’ajoutent les nombreux appels sur l’indemnité carburants et les nombreuses incertitudes sur l’utilisation de l’application pour modifier les demandes des contribuables.
À ceci vont donc s’ajouter, sous peu, les questions et interrogations des contribuables liés à la déclaration des revenus 2022.
Or, si la période COVID avait marqué une décroissance de l’accueil physique au niveau des services de la DGFIP, depuis l’année dernière nous ne pouvons que constater une inversion de cette courbe. Le nombre de contribuables reçu à nos guichets a ainsi fortement augmenté en 2022 avec une hausse de près de 30 % par rapport à 2021. En parallèle les contacts téléphoniques ne faiblissent pas avec une croissance de près de 10 % par an.
Le cumul des deux campagnes risque donc de décupler la réception du public, de créer un embouteillage au niveau des services d’accueil, avec des conditions de travail dégradé et anxiogène pour les agents.
Solidaires Finances Publiques vient donc de saisir la direction générale sur plusieurs sujets : les conditions de travail des agentes et agents en SIP, CDIF et centres de contacts, et l’articulation de GMBI avec la campagne IR.
Nous avons signalé la fatigue déjà très importante des agents et des agentes à ce jour alors que les sollicitations des contribuables sont déjà très importantes. Ceci dans un contexte de suppression d’emplois massive (-21 000 emplois à la DGFiP depuis 2012 et près de 25 % des emplois supprimés dans les SIP depuis 2015).
De manière globale, nous regrettons encore une fois que la Direction générale ait manqué de réalisme et de pragmatisme sur ce sujet en croyant ou en faisant semblant de croire que la dématérialisation allait tout régler sans aucune conséquence sur les services de notre administration…
Pour Solidaires Finances Publiques, l’adage « le politique décide, l’intendance suivra » ne peut fonctionner que si l’ensemble des moyens humains et matériels est donné, justement, pour que l’intendance suive.
Force est de constater que ce n’est pas le cas… Une anticipation rapide de cette situation par la Direction générale s’avère aujourd’hui nécessaire afin de répondre rapidement aux besoins des contribuables et aux demandes des agents et agentes de la DGFIP. Demain il sera trop tard.