Si la campagne IR est officiellement terminée depuis le 8 juin dernier, les premiers constats font état d’un accueil à nouveau en forte hausse. Ainsi au niveau des centres de contacts, il a été constaté une augmentation des appels de plus de 20 % par rapport à l’année dernière. Si à ce jour les chiffres au niveau des Services des Impôts des Particuliers ne sont pas connus, une augmentation significative du nombre de contribuables à nos guichets a aussi été constatée.

Mais contrairement aux années précédentes, point de baisse post-campagne IR… Les SIP et les centres de contacts continuent à afficher un nombre record de contacts téléphoniques et physiques.

À titre d’illustration, le 15 juin au matin à 9 heures, plus de 350 appels étaient en attente au niveau du SVI derrière le 0 809 401 401. Ce chiffre est monté à plus de 500 appels en attente à 14 heures…

Au niveau des SIP, l’accueil est toujours massif avec plusieurs centaines de visites par jour pour certains « petits » SIP en zone rurale.

Cet afflux, inédit en période post-campagne IR, est principalement dû à la campagne GMBI qui doit prendre fin au 30 juin prochain.

Rappelons une nouvelle fois que GMBI (Gérer Mes Biens Immobiliers) est un nouveau service en ligne à destination des usagers propriétaires (personnes physiques et morales), mis à disposition sur le portail impots.gouv.fr, depuis leur espace sécurisé.

Ce service doit permettre de visualiser l’ensemble des propriétés sur lesquelles sont détenus un droit de propriété ainsi que les caractéristiques de chacun de ces locaux (adresse et descriptif du local, nature du local, lots de copropriété) et de déclarer le ou les occupants (obligatoirement avant le 30 juin 2023). Près de 33 millions de biens sont concernés par ce dispositif.

Or le choix fait par l’administration de procéder à une campagne, et à une déclaration uniquement par voix numérique provoque une incompréhension au niveau des contribuables, et en parallèle un accroissement des incivilités de plus en plus prégnantes.

On peut appréhender l’agacement, l’énervement, voire l’irritation des contribuables devant les choix politiques du tout numérique portés par l’Etat et la Direction générale. Toutefois, ce n’est pas aux agents et agentes de faire les frais des choix délétères du Gouvernement et de l’administration et, de ce fait Solidaires Finances Publiques condamne toute incivilité, insulte ou agression dont pourraient faire l’objet les personnels des Finances Publiques. Ces faits doivent être dénoncés et poursuivis avec la plus extrême rigueur par l’administration, d’autant plus que le Ministre G.Attal et la Direction générale ont fait de la securité et la protection des personnels un axe prioritaire !

Nous le redisons avec force : aujourd’hui les agents des SIP, comme des centres de contacts, sont fatigués et exténués. Et malgré cela ils et elles doivent continuer à assumer un accueil et à expliquer les choix aberrants, et déraisonnables, faits par l’administration sur GMBI.

Cela doit cesser !

Il faut arrêter les prises de position totalement déconnectées des besoins, et des attentes de nos concitoyens. L’INSEE rappelait dans une note du 11 mai 2022 que 32 % des personnes de 18 ans ou plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir renoncé au moins une fois à une démarche administrative en ligne au cours des douze derniers mois de l’année 2021. Si les trois quarts d’entre elles ont pu effectuer ces démarches autrement (par téléphone, sur place, etc), un quart, soit 8 % de la population totale, a renoncé définitivement à les accomplir.

Quelle difficulté à comprendre que la numérisation ou la dématérialisation est un facteur bloquant pour beaucoup de nos concitoyens ? Quelle difficulté à comprendre que beaucoup de contribuables sont plus à l’aise avec un support papier ? Quelle difficulté à comprendre que les informations cadastrales présentes dans GMBI allaient indubitablement provoquer de très nombreuses interrogations et questions des contribuables ?

Aussi, pourquoi ne pas avoir prévu une possibilité de dépôt papier ? Pourquoi ne pas avoir prévu de récépissé de dépôt pour rassurer les propriétaires ? Pourquoi ne pas avoir prévu une possibilité de maquette dynamique ou de possibilité de co-browsing pour simplifier le travail des agents et agentes et in fine des contribuables ? Pourquoi, dès le début de l’année, une communication papier pour tous les contribuables n’a-t-elle pas été faite ? Pourquoi ?

Ces questions risquent de demeurer malheureusement sans réponse. Ce sont encore une fois les agents et agentes des Finances Publiques qui vont faire les frais de ce manque d’analyse et de discernement et surtout d’une déconnexion totale avec la réalité du terrain. Il est urgent qu’une vraie prise de conscience soit faite, et par la représentation nationale et par l’administration, et qu’enfin le bon sens, « le bon bout de la raison » fasse son retour. Rapidement.